Le Blog de Monsieur M

Tout, et surtout n'importe quoi.

lundi 18 novembre 2013

Quand Rue 89 parle (mal) NBA

Petite réponse à l'article de Rue 89 sur Allen Iverson. Mes commentaires sont en rouge.

"Allen Iverson, star de la NBA au tournant du millénaire – MVP en 2001 –, a annoncé le 1er novembre l’arrêt de sa carrière de basketteur. Si l’on s’y intéresse ici, ce n’est pas seulement parce qu’il a été le plus spectaculaire de sa génération, le trait d’union entre les ères Jordan et Bryant."

Trait d'union entre Jordan et Bryant ? Kobe et Iverson ont pourtant tous les deux été draftés en 1996. Un peu embêtant, une telle énormité dès la première phrase d'un article. 

"Iverson a eu durant ses 14 années sur les parquets de la NBA l’image d’un enfant terrible. Présenté très jeune comme une future icône, sa carrière a été bien moins riche en succès – une présence en finale NBA – que prévue."

Pour rappel, une partie du palmarès d'Allen Iverson : 

 - Médaillé de Bronze aux JO de 2004
 - Champion de la conférence Est, vainqueur de la division Atlatique et Finaliste NBA 2001
 - Rookie de l'année en 1997, élu dans le 5 des rookies la même année
- MVP 2001
- Elu dans le meilleur 5 de la NBA en 1999, 2001 et 2005, dans le second 5 en 2000, 2002 et 2003, dans le troisième en 2006.
- Selectionné 11 fois pour le All-star Game
- MVP du All-star game en 2001 et 2005
- MVP du Rookie Challenge 1997
- Meilleur marqueur NBA en 1999, 2001, 2002 et 2005.
- Meilleur intercepteur en 2001, 2002, 2003
- Second meilleur marqueur de l'histoire des 76ers de Philadelphie
- Futur Hall of Famer

Faible palmarès, hein.

 "Il a aussi connu toutes sorte de déboires judiciaires et financiers. Comment, un individu promis à une carrière exceptionnelle en vient-il à se perdre, se mettre en danger pour finalement annoncer sa retraite dans un relatif anonymat ?"

Relatif anonymat, je ne sais même pas comment répondre à ça. Tous les spécialistes Américains ne parlaient que de ça. Philadelphie toute entière n'attendait que ça. La seule chose qui a "minoré" l'impact de cette annonce est le fait qu'il ne jouait plus depuis quelques temps déjà.

"Allen Iverson a grandi dans en Virginie, ancien Etat sudiste, où les séquelles de la ségrégation raciale sont encore très présentes. Durant son enfance, la mère d’Iverson élève seule son fils, le père de l’athlète étant décédé à seulement 27 ans et son beau-père effectuant de nombreux séjours en prison.

L’université grâce au basket
Le jeune Iverson connaît une enfance difficile dans le quartier disqualifié de Hampton. De ce fait, l’enfance d’Iverson cristallise deux grands traits particuliers des problèmes sociaux de population noire américaine : la précarité et l’isolement social des femmes – plus de 60% des femmes noires américaines vivent seule et dans une très grande pauvreté – et le taux d’incarcération plus élevé que la moyenne chez les hommes – environ plus de la moitié des détenus sont Afro-Américains.
A l’adolescence, Allen Iverson lui-même se fait incarcérer pour une bagarre déclenchée suite à des injures racistes proférées à son encontre. Innocenté par un témoignage, il intègre un lycée pour jeunes en difficulté où il pratique intensément le basket. C’est en se faisant repérer par un entraîneur de l’équipe de basket de l’université de Georgetown qu’il pourra rejoindre l’établissement.
Cette entrée dans le monde universitaire nous permet de revenir sur deux constats : d’une part, le faible taux d’Afro-Américains entrant dans une grande université américaine, et d’autre part, le fait que le sport est souvent leur seule filière d’accès à ces mêmes universités. Par ailleurs, le fait d’intégrer une filière sportive les fragilise d’autant plus sur le marché de l’emploi, puisqu’ils vont surinvestir la pratique afin de d’être recrutés le plus tôt possible, réduisant ainsi leurs chances de sortir diplômés et mieux armés au moment de la futur reconversion."

Premier point :

Pour lutter contre les "sous-diplômés", la NBA a établi un âge minimal pour s’inscrire à la Draft.

Ensuite, des diplômes pour la reconversion des athlètes, avant même que leur carrière ne commence. D'ou ça sort? Ca existe ou ? Dans quel sport ? Dans quel pays ? Combien de basketteurs sont doctorants ? Il y a des footeux Bac +3 ?  Des Rugbymen titulaires de Master ? Pas à ma connaissance.

Pour finir, et pour rappel, la décision d'Iverson de s'inscrire "rapidement" à la draft vient aussi du fait que sa famille avait besoin d'argent pour payer le traitement médical de sa soeur....

"A contre-courant d’une population blanche qui s’oriente dans des cursus parallèles à la pratique sportive afin d’obtenir des diplômes plus en phase avec le monde des instances décisionnelles du sport (entraineurs, managers, etc..), secteur idéal pour une reconversion."

Bon, alors, même question, quel basketteur blanc est diplômé de hautes études lors de sa draft? Sachant qu'ils sont drafté au même âge que les noirs, hein, pas à 25 ans. Quel joueur refuserait la draft NBA pour dire "non, mais attends, je finis mes études comme ça dans 15 ans je serai assistant coach". Tout simplement n'importe quoi.

"On compte de nos jours 80% des joueurs d’origine afro-américaine en NBA alors qu’une dizaine de managers sur 30 est issue de cette communauté. La part des Noirs américains dans les institutions sportives est encore plus faible (aux alentours de 22%)."

Et c'est parce qu'ils n'ont pas de diplômes ça ? Rien à voir avec le plafond de verre ? 

Un grand fragile à l’étiquette de bad-boy

"Iverson, recruté en première position à la draft, signe chez les 76ers de Philadelphie et termine meilleur rookie – joueur de première année – de la saison en 1997. Il signera un contrat publicitaire avec la marque Reebok qui le surnommera « The Answer », en référence au départ de Michael Jordan qui avait posé la question de sa succession.
Bien que talentueux, Iverson est aussi présenté par les médias comme un joueur caractériel et agressif, en raison notamment de ses disputes incessantes avec son coach de l’époque, Larry Brown. Ses nombreux tatouages et son attrait pour la culture hip-hop – il sort un album de rap jugé violent – lui collent l’étiquette de bad-boy."

Présenté par les médias ? Parce que c'est faux ? On parle d'un mec qui a sorti un flingue devant sa femme. D'un mec qui jugeait que l'entrainement ne servait à rien. Mais son tempérament est une présentation des médias ?

Iverson lui-même, lors de son discours, a remercié ses différents coachs, et notamment Larry Brown, pour l'avoir remis plusieurs fois dans le droit chemin.

"Lorsque sa femme décide de divorcer et obtient la garde des enfants, le joueur bascule dans l’alcoolisme. Sa fragilité le tuera sportivement. Les conditions dans lesquelles il a grandi, communes à plus de 30% des Afro-Américains, ont contribué à forger sa manière d’être que la NBA ne va pas manquer d’exploiter.
Dans un article universitaire publié en 2012, le sociologue David Sudre et l’ethnologue Matthieu Genty retracent la trajectoire de la communauté noire dans l’histoire du basket américain. Ces chercheurs montrent comment la NBA a tiré son essor du style de jeu développé par les Noirs américains et leur intégration progressive."

Le basketteur noir, objet de consommation

"A partir des années 50, la NBA le premier championnat aux Etats-Unis au détriment du basket universitaire, majoritairement blanc. Afin de produire un spectacle nouveau, le NBA décide d’intégrer les premiers joueurs issus d’une équipe composée de Noirs américains, les Globetrotters de Harlem, dont les prestations scéniques connaissent un véritable succès.
Dès lors, le jeu proposé au sein de la NBA change et se veut plus spectaculaire car improvisé, rapide et physique. Il s’éloigne du style de jeu dit blanc, plus figé et stratégique, et légitime la place des Afro-Américains dans le monde de l’élite sportive nationale. Instantanément, le recrutement des joueurs de couleur augmente en même temps que les revenus de la NBA."

Donc là, création de la NBA. On est en 1946. Ok.

"Les nouvelles icônes (« Magic » Johnson, Abdul-Jabbar, Jordan) permettent de conserver des spectateurs majoritairement blancs, qui voient en eux l’« American Dream » et la représentation positive du Noir américain. Le basketteur noir à la fois « exotique » et « domestiqué » devient un objet de consommation."

Abdul-Jabbar. Années 70. Magic. Années 80. 

Pas un mot sur les années 50 et ces fameux "noirs". Les stars de l'époque : Red Auerbach (blanc), George Mikan (blanc), Pistol Pete (blanc), Joe Fulks (blanc)....

Un bien beau travail de recherche et de documentation, au jour ou, en deux clics, on peut vérifier ses dires.


"Mais ce que soulignent avec pertinence Sudre et Genty, c’est qu’après le départ de Michael Jordan, en 1998, la NBA se retrouve privée de modèle d’excellence, laissant place à une représentation des basketteurs noirs beaucoup moins éclatante : celle de la délinquance et de la précarité sociale des minorités, notamment à travers Allen Iverson."

Bah oui, tiens, Kobe Bryant, Tim Duncan, le Shaq, David Robinson, tous sont noirs, tous étaient des modèles, et le sont encore. Lequel est un "délinquant" ? Ou alors, Noir = délinquant ?

Le délit de faciès, c'est pas très cool.

Le mythe du délinquant noir

"A la fin des années 90, la NBA propose une nouvelle représentation du basketteur noir, celui issu du ghetto, dans le but de rendre son produit plus authentique aux yeux du consommateur – essentiellement blanc. Son objectif est de capter la culture urbaine qui connaît un grand succès à travers le mouvement hip-hop et les débouchés économiques qui vont avec."

Kobe Bryant est alors le joueur le plus mis en avant en NBA. Il est la star de l'équipe la plus populaire du monde, les Lakers de Los Angeles.
Issu du ghetto ? Non, élevé en Italie, par un père professionnel.
Et la culture du bad boy, c'est pas plutôt les...Bad boys, de Detroit, de 1987 à 1990 ?

"En quelque sorte, Allen Iverson va représenter une nouvelle forme d’exotisme, celui du mythe du jeune délinquant noir en quête de réussite. L’organisation de la NBA maintiendra le joueur le plus longtemps dans cette représentation – diffusion des faits extra-sportifs, hyper-médiatisation des relations conflictuelles entraîneur-joueur – et en tirera le maximum de bénéfices."

Bien sur. C'est probablement pour ça que les "Jailblazers" (surnom donné à l'équipe de Portland à cause de ses nombreux joueurs ayant des antécédents judiciaires) ont connu un tel succès populaire....

"A travers le récit de vie d’Allen Iverson, on constate une fois de plus que le monde du sport de haut niveau, et notamment du sport spectacle, ne permet pas à des individus socialement fragiles de s’affranchir totalement de leur condition. Au contraire, cette vulnérabilité peut être exploitée à des fins marchands et l’impératif du professionnalisme est de produire du spectacle sans se soucier de la condition du champion."

Oh mon dieu, la NBA, ce ne serait que des capitalistes à la recherche de bénéfices ? 
Je suis vraiment très surpris par cette nouvelle.
Heureusement qu'un article si bien travaillé est là pour me l'apprendre.

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